We're In Heaven

Des années entières passées à m'entraîner, c'est ce qui m'a finalement menée ici. C'est difficile de pouvoir dire exactement ce que je ressens. Maman a tenu à m'accompagner jusqu'au portail. Je suis à la fois surexcitée, anxieuse, heureuse et triste. Surexcitée parce que devenir étudiante ici me rapproche un peu plus de mon rêve, celui de pouvoir vivre de ma passion. Anxieuse parce que ce n'est jamais facile de débarquer dans un endroit complètement inconnu et aussi parce que je vais devoir apprendre à me débrouiller toute seule dans la vie quotidienne. Ça va être un vrai défi de ne plus avoir Maman avec moi pour organiser la maison, me faire mes petits plats et me secouer les fesses quand il y aurait quelque chose d'important à faire. Heureuse, parce que même si ça m'angoisse, quitter la maison va aussi me permettre de quitter tous les problèmes que Papa y a amené. Et enfin triste parce que malgré tout, Maman va me manquer et pas uniquement pour faire les corvées.

Je décharge mes valises de la voiture et m'arrête un instant devant le portail. C'est encore plus impressionnant que ce que j'avais imaginé. « Tu es sûre que tu ne veux pas que je t'accompagne ma chérie ?  » Non pas vraiment, je me sens complètement perdue. La seule chose dont je sois sûre c'est que j'ai hâte de voir à quoi ressemblent les écuries. Et puis pour être honnête, je n'ai pas tellement envie qu'on me voit débarquer avec ma mère, bonjour l'image de fifille à sa maman sinon. « T'en fais pas Maman, ça va aller je suis une grande fille. » Aha, la bonne blague. Ça paraissait crédible ? Bon allez, je vais arrêter de gamberger et je vais me lancer. J'embrasse une dernière fois Maman et prend une valise dans chaque main. Je ne sais pas par quel exploit j'ai réussi à me contenter de deux valises mais une chose était sûre, elles étaient bien lourdes. Comment c'était possible ? Je n'ai même pas pris la moitié de ce que je voulais emmener. Il allait falloir que j'aille faire des achats une fois que je serais installée.

Maman me regarde m'éloigner tandis que je me dirige vers l'accueil. Je sens déjà l'odeur si familière des chevaux. Qu'est-ce que je peux aimer cette odeur, ça me rappelle que je suis exactement là où je dois être, près des plus belles créatures qui puissent peupler cette Terre.