Depuis des mois que j'étais perdues. Mes parents n'étaient plus ce qu'ils étaient. J'aurais dû m'y attendre mais quand même. Du hauts de mes 37 ans, ils étaient maintenant en maison de retraite, sous les bons soins du personnels qualifiés. Mon père, sous respirateur artificiel et ma mère qui le voyait dépérir, jours après jours. Et moi, qui tentait au mieux de soutenir ma famille… du moins, ce qu'il en restait. Depuis la maladie de mes parents, j'avais réduit le cheptel, condamnée à ne garder que quelques chevaux, faute de moyens. C'était les parias, les invendables. Et il y avait MON léo. Si fier, si majestueux. Et lui aussi, si vieux. Il s'est éteint, comme cela, une bonne journée. Triste masse noire dans la neige lorsque j'ai été faire le tour des pâturages. C'était lui, mon roc, mon pilier. C'était lui qui me gardait ici.
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Je n'étais plus capable de voir mes parents s'éteindre à petit feu, plus capable de rester seule, chez moi, face à l'inévitable. Mes amis, c'était les chevaux. Mes connaissances, c'était de leur créer un monde meilleur. Mais ici, là ou je voyais mon père, au pas de la porte, m'attendant. Ou je devinait l'ombre de mon Léo derrière les arbres. Lorsque j'entrait chez moi, devinant le fumet d'un plat de ma mère… qui n'était en fait, que le feu de la cuisinière que j'avais oublié d'éteindre. J'en étais dangereuse pour moi tout autant que pour le reste.
Facebook. La plaie du monde humain. ce qui détruira en partie la civilisation. Pour une fois, je te dois une grande chandelle. J'ai fait un appel à tous. J'ai cherché un refuge pour mes pensées sombre, une escapade à mes malheurs et j'ai trouvé. Trouvé une académie équestre qui cherchait une personne de fiable pour faire rouler les choses. Une personne pour repartir à neuf et solidifier les bases. Qui me cherchait moi, probablement, sans le savoir.
J'avais téléphoné pour entendre une voix qui était plus jeune, mais toute aussi fatiguée. Ça m'a fouetté. On a tous besoin d'un moment de répits. Beyond The Dreams. Peut-être pourrais-je les retrouver ces rêves brisés. Ou, peut-être étais-ce la concrétisation de mes rêves?
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Je franchis le poitrail de l'académie, passant devant quelques jeunesse qui ne me font pas ombrage. Depuis, je me suis retrouvé, ma motivation est présente, je me sens revivre. Mon pas est maintenant presque aussi léger qu'avant. Le poids des responsabilités est presque oublié. Me voilà chez moi! Je salue au passage les jeunes étudiantes. Je me revois à leur âge, entourée de chevaux. Je n'avais pas la tenue en vogue de certains… ni le décolté de d'autres… Pensais-je en regardant d'un air légèrement réprobateur une jeune fille exhibitionniste. Mais au moins, je ne suis plus seule, plus en campagne avec tout ce qui vient avec. J'entends un hennissement, qui sonne comme mon Léo. Est-ce qui adieu, ou un bon retour? Bon retour chez toi, à ta passion retrouvée ma chère Magalie. Bienvenu parmis nous.
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