Sortie au Grand Lac
Jour de repos pour David, après une semaine chargée au Ronron.
La ronronthérapie proposée par David, sous forme d'un moment privilégié avec un chat au ronronnement significatif, a attiré beaucoup de curieux. David prenait plaisir à chouchouter ses clients, tant en leur expliquant les bienfaits de cette thérapie peu commune, qu'en leur préparant boissons et friandises gourmandes et réconfortantes. Si les gens prenaient plaisir à déconnecter du monde extérieur, stressant et bruyant, en se réfugiant dans son café, le patron lui, aimait se retrouver dans la nature, devant de beaux paysages, et laisser ses pensées dériver dans le silence que Mère nature lui offrait.
Pour aujourd'hui, David avait envie de partager ce moment de méditation avec son partenaire depuis son arrivée, le bel Eldorado. Le cheval était compréhensif, patient, calme, peu stressé, et on ne pouvait que se sentir tranquille en sa présence.
David se rendit à l'Association en milieu de matinée afin de préparer son camarade du jour.
Il avait avec lui un sac isotherme dans lequel il avait placé un petit pique nique pour profiter au maximum de sa sortie. Le palefrenier lui indiqua que le cheval était déja sorti au pré plus tôt ce matin-là, mais qu'il pouvait aller le chercher si il le demandait.
David refusa poliment la demande du jeune homme, et se fit juste apporter le licol du vieil hongre, afin d'aller le chercher lui-même. Il précisa tout de même qu'en cas d'échec, il reviendrait chercher de l'aide.
Sur le chemin qui traversait l'Académie, de nombreuses questions se bousculaient. C'était la première fois qu'il allait devoir récupérer Eldorado au pré, seul, et lui passer le licol dans un endroit ouvert. Au box, le cheval ne pouvait pas aller bien loin, et jusqu'ici il s'était laisser approcher sans trop de souci.
Arrivé à la barrière, David chercha "son" cheval des yeux, et le repéra près d'un bosquet, plutôt isolé des autres, en train de brouter tranquillement.
Il se glissa lentement dans le pré et, en gardant à l'oeil l'ensemble des équidés présents à l'intérieur, il s'approcha sans se presser d'Eldorado, une carotte dans la poche au cas où.
"Salut Eldo, comment ça va aujourd'hui mon vieux ?"
lança doucement David, une fois à proximité du hongre.
Celui-ci releva la tête, regarda l'intrus qui venait le déranger et, reconnaissant l'humain qui le promenait de temps en temps, décida de continuer à s'occuper de son herbe.
" Tu pourrais dire bonjour quand même"
rigola David.
Il s'approcha encore du cheval, le licol à la main, en lui parlant tranquillement. Eldorado avait, cette fois-ci, relevé la tête, aperçu le licol, et suivait avec attention les mouvements de David. A portée de mains, le vieil hongre prit la poudre d'escampette en trottinant doucement, et s'arrêta à quelques dizaines de mètres de David. Celui-ci souffla "Presque !" et reparti en direction du cheval. Rebelote lorsque David fut à moins d'un mètre d'Eldorado.
David réessaya une troisième fois, et, sans résultat, sorti son joker: une belle carotte.
Le hongre, qui l'attendait en l'observant, s'approcha lentement de la friandise qui lui tendait les bras. En confiance, David fit quelques pas en direction de l'équidé. Celui-ci sentit la supercherie et reparti en sens inverse. Le jeune homme se posta alors face au cheval, tendit la carotte et attendit, sans bouger d'un pouce. Eldorado, après quelques hésitations, finit par s'approcher à portée de mains de David. Celui-ci laissa son camarade de promenade grignoter sa friandise dans une main, tandis que l'autre flattait l'encolure du vieux champion de western.
"Eh bah voilà, c'était pas si compliqué tu vois..tu l'as fait exprès je suis sûr, petit coquin !"
Une fois le licol mis en place, Eldorado et David se dirigèrent vers les box de l'Association de la Seconde Chance. Le jeune homme vérifia que le cheval était propre, passa rapidement un coup de brosse douce, et passa le cure-pied sous les sabots.
Il récupéra ensuite sa glacière, une longue longe pour attacher Eldorado lors de sa pause, et se dirigea vers les sentiers de randonnée. Ce jour-là, il avait décidé d'aller découvrir le grand lac qui se trouvait à quelques dizaines de minutes à pied du domaine.
Malgré l'interruption de son petit déjeuner au pré, Eldorado se montra docile et curieux dans les chemins forestiers. David, comme à son habitude, commentait chaque chose qui l'intéressait ou l'enjouait, et parlait à l'hongre de ses journées de travail. Ils croisèrent peu de monde sur le chemin du lac, David ayant choisi de placer les jours de fermeture du café en semaine.
Arrivés au lac, le jeune homme laissa du mou sur la longe d'Eldorado, le laissant choisir un endroit où se poser, brouter un peu et profiter de sa pause comme il l'entendait. Le cheval jeta son dévolu sur un coin ombragé, au bord de l'eau, où l'herbe semblait, peut-être, plus verte qu'en face. David, se rappelant de la sortie où il avait du faire appel au dentiste en rentrant à l'Académie, vérifia que les arbustes et plantes avoisinantes n'étaient pas nocives sur les équidés. Il avait noté sur un petit calepin les principales à éviter, telles le laurier rose, l'euphorbes ou la belladone. Pas de présence de chêne non plus, Eldorado ne risquerait pas une indigestion de glands, cause de coliques chez les équidés.
David repéra une branche basse sur laquelle il effectua un noeud d'attache avec un bout de la longe, lui permettant ainsi de libérer Eldorado rapidement en cas de danger. Il s'installa près du lieu de pause du hongre et sortit son pique-nique. Il mangea tranquillement, regardant les canards nager sur le lac, écoutant le chant des oiseaux et observant son binôme équin brouter près de lui. Arrivé au dessert, il sorti 2 pommes de son sac, et en offrit une à Eldorado.
"Tiens mon vieux, j'ai pensé à ton dessert !"
Après avoir trempé ses pieds dans l'eau du lac, David récupéra la longe du vieux cheval et l'amena près de l'eau, à un endroit ou un petit dénivelé formait une petite cascade.
L'hongre profita de cet endroit à l'eau claire pour s'abreuver à coups de longues gorgées.
Après qu'il eu finit de boire, Eldorado secoua la tête pour se débarrasser de l eau , éclaboussant dans le même temps David, qui se trouvait près de lui. Celui-ci se rapprocha de la plage, emmenant le cheval dans son sillage, avec l intention de lui faire tremper un peu les sabots, et plus si affinités, avant de repartir. Trouvant la tempête de l eau visiblement peu à son goût pour y faire autre chose que boire, Eldorado ne fit que tremper le bout du nez avant de coller celui ci contre la poitrine de David.
" Hé mais j'ai pas envie de me mouiller en entier moi ! J ai compris, tu es frileux et c est trop froid pour la baignade !"
lui dit David.
Ils reprirent donc le chemin de l Académie, laissant derrière eux quelques personnes qui se reposaient autour du lac.
David choisit un itinéraire différent pour le retour, ce qui lui compliqua bien la tâche. En effet, sur ce trajet ci, le chemin était complètement coupé par une immense flaque de boue.
Eldorado glissa sur ses premiers appuis, et refusa donc de passer au travers.
Le jeune homme dû fortement insister rien que pour sortir le cheval de la flaque, mais à force de demande et grâce à l'aide d'une friandise, David réussit à ce qu'Eldorado, distrait par la carotte, puisse faire demi-tour. Résolu à continuer sur ce trajet, il fallut convaincre le vieil hongre de passer sur les côtés, au feuillage plus dense. Ouvrant le chemin en poussant les buissons qui gênaient Eldorado dans son avancée, David contourna la flaque par le côté, et se retrouva finalement sur la terre ferme du chemin après plusieurs minutes d'efforts. Il fit une pause pour laisser le cheval reprendre ses esprits, et le félicita d'avoir traversé avec lui cette petite épreuve. Il sortit une nouvelle friandise de sa poche et laissa Eldorado grignoter tranquillement tandis qu'il lui flattait l'encolure en continuant de lui parler.
Le reste du trajet se passa sans encombre, et une fois rentrés à l'Académie, David passa un long moment à panser son camarade de randonnée. Il commença par passer sur tout le corps une étrille, afin de désincruster la saleté coincée dans les poils. Il s'abstint néanmoins de passer au niveau de la tête du cheval. Puis il prit une brosse appelée bouchon, afin de retirer la saleté précédemment soulevée. Il la passa soigneusement et même plusieurs fois à certains endroits, pour enlever un maximum de poussière. Après cela, il sortit une brosse douce en soie, qu'il passa d'abord dans le sens inverse du poil pour retirer la poussière restante, puis dans le sens du poil pour le lustrer. Il se servit de la même brosse pour s'occuper de la tête de l'équidé.
Une fois fini, il passa un moment à démêler la crinière et la queue du cheval hongre, à l'aide d'une brosse à crins, en faisant attention à se placer sur le côté du corps du cheval, au niveau des postérieurs, pour la queue, pour sa sécurité.
Une fois propre comme un sou neuf, Eldorado put rentrer dans son box pour prendre un repos bien mérité, après une dernière friandise, bien entendu.
Fatigué mais heureux, David s'en retourna à sa chambre pour, lui aussi, prendre le temps de se reposer.