PFS - Code Yoko de Nilwey

       « Naître, c'est seulement commencer à mourir. » - Théophile Gauthier

Minuit et quelques, Kiara m'envoie un message pour me prévenir que mes deux juments ont décidé de mettre bas toutes les deux au même moment. Je décide donc de ne pas les faire patienter puisque ma présence les rassure et laisse mon bar aux mains de Ruby, en qui j'ai une totale confiance et qui me met littéralement à la porte, car elle sait que j'ai dû mal à déléguer et que mes chevaux sont toute ma vie.

Direction l'élevage où m'attendent les deux ponettes en travail et la directrice et reproductrice Kiara. Je me dirige instinctivement vers la texane, un peu nerveux, comme à chaque naissance, surtout que là c'est une double naissance, je la salue et lui demande comment ça se passe. Elle me dit que ça avance tranquillement pour les deux juments, qu'elles ne sont pas trop stressé et que pour l'instant aucun nuage à l'horizon.

Le temps passe, je fais les cents pas, ce qui énerve particulièrement Kiara. La pauvre devra me supporter à chaque naissance de mes chevaux et je vais beaucoup la sollicité.  Au bout d'un moment, un premier poulain naît. C'est une pouliche, la pouliche de Vision et Gameboy. Je reste en retrait, laissant la jument se reposer et la petite baie se mettre sur ses petites pattes et prendre sa première tétée. Tout se passe bien, mais plus le temps défile, plus le poulain de Bee Bizzy tarde à se montrer, la jument commence à stresser tellement que même Vision regarde dans l'autre box et lance des petits hennissements de soutien. Kiara aussi commence à être nerveuse et appelle le vétérinaire de garde "juste au cas où" m'a-t-elle dit...

Finalement, le vétérinaire arrive et m'intime de rester en dehors du box, Kiara me dit même de m'éloigner... elle ne veut pas que je m'inquiète plus je pense... alors je m'éloigne et m'assois sur le sol attendant patiemment qu'on vienne m'annoncer la nouvelle.

- Valentin ? Valentin, réveilles-toi...

Kiara pose sa main sur mon épaule ce qui me fait sursauter. D'abord désorienté, je me rend compte que je me suis endormie assis. Je papillonne des paupières, la lumière artificielle m'agressant les yeux et bien vite je me rend compte que les yeux de la texane sont rempli de larme... j'en vois même une roulée sur sa joue... Je ne comprend pas... Mon poulain est mort ? Je me lève d'un bond.

- Valentin... attend...

Mais elle n'a pas la force de me retenir, en fait elle n'essaie pas vraiment et quand je rentre dans le box, le vétérinaire s'éloigne un air sombre accroché au visage... Je jette un coup d'oeil au poulain qui est au milieu du foin. J'observe attentivement le petit être et rapidement je vois que sa cage thoracique se soulève à rythme régulier. Je fronce les sourcils et me tourne vers Kiara.

- Bah ... il va bien ?

La texane roule des yeux comme s'il y avait vraiment quelque chose qui clochait. Soudainement, mon coeur rate un battement, j'ai un très mauvais pressentiment, tellement qu'un long frisson parcourt mon dos. Je me tourne très lentement. C'est avec effroi que je vois Bee Bizzy encore couché dans la paille... Je m'approche alors d'elle, m'accroupie et la touche.

- Bee Bizzy ?

Non. Je ne peux pas y croire... Je la caresse.

- Aller ma belle, il faut te lever maintenant.

Je la regarde, elle ne réagit pas...

- Aller ma grande!

Je la secoue un peu.

- Aller! Relève-toi! Je sais que tu peux le faire!

Je la pousse, je la remue, je ne peux pas le croire. Non, c'est pas possible. Ma première jument... non, elle est juste fatiguée, elle va se relever et elle va être la bonne mère qu'elle a été avec Gameboy. Mes yeux se remplissent de larme et je continue à essayer de la stimuler, à lui parler et à la pousser pour qu'elle se réveille.

Kiara vient fermer ses mains sur mes épaules.

- Valentin arrête, c'est finit... Elle est ... partie...

Je sens la voix de la femme se briser sur ce mot... Elle est partie ? Elle est partie ... Non. Arrête de me mentir, c'est pas drôle... C'est pas drôle ...
Et je continue, et je continue... je ne peux pas la laisser tomber, je ne peux pas... je ne veux pas ... Mais Kiara m'attrape pour que je m'arrête. Elle attrape fermement ma tête et la tourne vers la petite boule de poil au milieu de la paille qui ne s'est toujours pas mis debout.

- Valentin... on ne peut pas le laisser tomber lui...

Lui... Lui... Il semble tout faible... mais je vais pas le laisser tomber. Je m'approche de lui en tremblant.

- Hey toi, ta maman a donné sa vie pour toi, il faut que tu te lève! Prend toutes les forces qu'il te reste et lève-toi ! Il faut que tu le fasses, pour elle!

Il relève la tête et me regarde. Les larmes roulent sur mes joues, c'est incontrôlable.

- Il faut que tu le fasses! Aller, tu peux y arriver !

Je l'encourage comme je peux, jusqu'à ce qu'il commence à se redresser et tente de se lever.

- Oui c'est ça ! C'est très bien ! Continue comme ça!

Il tombe mais ne lâche rien, il finit par s'immobiliser sur ses petites pattes. Quand il tente un pas, il tombe, mais il ne lâche rien et se relève, jusqu'à ce qu'il soit un peu plus à l'aise. Je continue à l'encourager et à pleurer. Et une fois qu'il tient sur ses gambettes, je viens le serrer dans mes bras tout en pleurant.

- Je suis tellement désolé.

Après une petite minute, Kiara revient vers moi et me glisse doucement.

- Valentin, il faut lui donner un premier biberon

Mais le souci avec le biberonnage c'est qu'il n'a pas les anticorps nécessaire à sa survie. J'ai une idée et sans en parler à la texane, car je n'ai pas encore la force, j'attrape le pie dans mes bras et l'emmène dans le box de Vision. Quand j'ouvre la porte, la baie m'interroge du regard en voyant avec le bébé.

- Coucou Vision. Ta copine Bee Bizzy a eu un petit souci, ça te dérangerait de t'occuper de son poulain?

Je le pose à mes pieds, celui ci est tout tremblant encore pas très stable sur ses pattes et surement épuisé lui aussi. Le regard ambre de la belle passe de moi au petit être frêle. Elle le regarde avec la même tendresse qu'elle avait pour Dream Walker et qu'elle a pour sa pouliche... Elle vient le sentir et elle lui pose une léchouille sur l'épaule avant de lui présenter son ventre. Allécher par l'odeur du lait, il se jette sur les mamelles et la baie se laisse faire tout en surveillant sa propre pouliche. Je souffle et me remet à pleurer.

- Merci ...

La pouliche arrive prêt des mamelles et voit qu'un petit individu s'est emparé d'une des deux mamelles, elle le regarde l'air de dire "Mais t'es qui toi ?". Elle va pour le pousser, mais Vision la stoppe ayant compris son petit manège. La pouliche n'est pas contente, elle plaque les oreilles sur son crâne pas du tout d'accord avec sa mère, alors elle fait le tour de la baie pour venir pousser le pie et lui voler sa tétine. Je fronce les sourcils et l'éloigne.

- Tu abuses, il y en a une autre de tétine.

Mais c'est cette tétine là qu'elle veut alors elle revient à la charge.

- Non.

Dis-je fermement et peut être un peu plus froidement que je ne l'aurais voulu. Vision me foudroie du regard et la pouliche s'éloigne un peu surprise.

- Désolé...

Je murmure.

Le matin pointe le bout de son nez et je suis rester dans le box, au près de la baie et des deux poulains. La tristesse se lit sur mon visage et je laisse le vétérinaire venir sortir Bee Bizzy de son box à l'aide d'une genre de petite grue et de sangle. Je ne vais même pas la voir, je serais effondré sinon. J'entend le tracteur partir... Elle est partie...

- Je te le promet, Bee Bizzy, je m'occuperais bien de tes fils.

Kiara vient me rejoindre dans le box et s'installe à côté de moi.

- Il va falloir que tu complètes leur alimentation par des biberons.

J'hoche la tête.

- Tu leur a choisit des prénoms ?

J'hoche la tête encore une fois, vide.

- Poison Ivy et Code Yoko.

Je sais que c'est Code Lyoko, mais j'ai toujours dit Code Yoko, alors ce sera son nom.
A son tour, Kiara hoche la tête et nous restons en silence à observer la petite famille.

Fiche de la maman adoptive ; Fiche de la fille jalouse.

       « Little sad Boy. »

Ce soir je passe en coup de vent, j'ai encore laissé Derek s'occupé de mes chevaux. J'ai pas beaucoup de temps à leur accorder en ce moment. Il y a eu un dégâts des eaux au bar, je dois tout nettoyer, tout remettre en ordre, repasser des commandes, gérer les factures.
Je suis passé à l'élevage pour voir une blessure que Dream Walker s'est blessé au boulet. J'ai demandé à Derek de m'attendre avant de nourrir que je puisse regarder tout ça tranquillement. Je passe devant le pré Nord Est où Gameboy, Vision, Laszlo et Zelda s'agglutine devant la barrière attendant leur ration.

- Salut les gros.

Je passe furtivement sans m'arrêter et me dirige vers le pré Nord Ouest. Là m'attend Derek et les deux chevaux. Je rentre dans le pré, Derek me montre la plaie. Une plaie pas très grave mais qui pourrait vite s'infecter, j'applique un cataplasme d'argile après avoir désinfecté la plaie. J'aide Derek sur les rations. Il prend de l'avance et part nourrir les bébés, je le rejoint quelques minutes plus tard et une chose me frappe de pleins fouet.

- Derek, il y a un problème avec Yoko?

L'intéressé hausse les épaules. Je ne remet pas en doute les compétences de Dérek, il m'a appelé pour une petite blessure pour Dream Walker. Ça m'étonne qu'il n'ai pas remarqué l'état de mon petit pie. En tout cas, ce soir il n'a pas l'air bien. Il est reste à côté d'un arbre, il ne bouge, il n'a pas un beau poil et semble avoir perdu un peu de poids.

- Les autres lui marchent un peu sur les pieds et tentent de lui piquer sa ration, mais je prend toujours du temps pour lui et pour être sur qu'il ait bien toute sa ration. Ces derniers temps Ivy et Oxford sont très virulent, j'ai un peu de mal a gérer les trois mais il mange bien. Ce matin, le deux se sont leaguer contre lui et je n'ai pas réussi à les séparé, j'ai pas réussi à l'isoler après. Ils sont infernaux les deux autres.

Je soupire, je me souviens qu'il m'avait parlé de ça mais là on dirait bien qu'il est déprimé, qu'il n'a pas envie de venir.

- Est-ce que tu peux aller me chercher un licol, s'il te plait?

Il semble hésitant au début, il sait que Yoko n'a pas encore accepter le licol, mais il n'est pas bien, il faut le séparer des deux terreurs. Je rentre dans le pré. La pestouille d'Ivy s'en va au petit galop, la queue en panache et en hennissant fière d'elle, suivit de près par son acolyte. Je ne porte pas attention à eux et me dirige directement vers mon petit protégé. Il ne remarque pas mon arrivé, il semble léthargique. Je lui touche l'omoplate et il sursaute. Il relève la tête et me voit. D'habitude il explose de joie quand il me voit, mais là il me regarde avec un regard rempli de tristesse et laisse retomber sa tête dans le vide, ses naseaux touchant presque le sol.

- Bah alors bébé ?

Je lui caresse soucieusement l'encolure et lentement je vient lui toucher le dos, le flanc, et petit à petit je descend vers son ventre. Je vérifie qu'il n'y a aucune blessure. Au moment où je lui caresse le ventre, il ronfle, il plie son encolure et vient me pincer le bras. Surpris je retire ma main, je ne pense pas qu'il ai mal, je pense que je l'agace à le manipuler. Dès que je l'enlève il me tourne le dos en me bousculant et manquant de marcher sur mon pied. Je fronce les sourcils. Il le fait exprès ?
Je décide donc de m'occuper de la zone qu'il me présente et de lui grattouiller le cucul. Il couine d'abord de surprise. Il tourne la tête et me jette un regard noir.

- Je sais que tu adores les grattouilles sur les fesses, alors ne me regarde pas comme ça !

Il se remet droit et tape du pied. Je fronce de nouveau les sourcils. Je crois que mes doutes sont confirmés, il me fait la gueule mais il est triste. Je ne comprend pas trop.

- Code Yoko de Nilwey!

Ma voix est plus dur que voulu. Ses oreilles pointent immédiatement vers moi. Je m'adoucis, je sais très bien qu'il est pas mauvais, je pense qu'il est triste, fâché, déçu, qu'il se sent abandonné par moi. Parce que je suis repartie 2 fois en France cette année et il a dû avoir peur que je parte définitivement, que je ne revienne jamais...Je me met face à sa tête et m'accroupi. Je tend ma main pour lui caresser le chanfrein mais il recule d'un pas.

- Je suis désolé bonhomme. Je voulais pas t'abandonner, regarde je suis là, devant toi. Je sais que c'est pas facile, je sais que j'aurais passer vous dire aurevoir ... Je sais que je fais des bêtises mais crois moi, je suis là, je ne vais jamais t'abandonner, il m'arrivera d'être absent, mais je ne vais pas te laisser tomber.

Je m'approche un peu plus de lui.

- Tu es spécial Yoko pour moi. Jamais je ne te laisserais tomber.

Je tend de nouveaux mes mains vers son encolure et il ne bouge pas, alors je m'agrippe à son cou et le sert très fort contre moi. Après quelques secondes, il pose délicatement sa tête sur mon épaule et souffle longuement. Quand je le relâche, Derek se tient à quelques mètres de nous, plus loin Ivy nous foudroie du regard. Le palefrenier me tend le licol. Je caresse doucement le petit pie et lui dit.

- Ecoutes mon grand, j'ai l'impression que tu as besoin de me retrouver, on doit alors se retrouver que nous deux et pour pas que derrière tu subisses les foudres de ta soeur, tu iras dans le pré de maman, juste ce soir. Mais pour ça il faut que tu acceptes de mettre le licol et de me suivre...  

Je lui présente l'objet. Il le connait déjà, il l'a déjà eu sur lui mais il a encore du mal à le supporter. Il le renifle sans grande conviction et doucement je viens lui passer. D'abord étonné, il recule. Je le laisse faire, mais bien vite il revient près de moi, car il est toujours mieux près de moi. Je lui repasse une deuxième, il ne dit rien, il ne bouge pas. Je le ferme et il ne rechigne. J'accroche doucement la longe et me relève.

- Aller on y va Yoko.

Je fais un pas vers la sortie du pré. Instinctivement il me suit, sans plus de pressions que ça, sans plus de hâte. Le soleil est bien bas et va finir par se coucher... Je me presse un peu et le pie me suit sans problème. Nous passons à proximité de la peste et d'un coup, d'un seul elle se jette en avant, furieuse et mord la croupe du petit baie. Il ccouine, rentre les fesses et se précipite en avant, se heurtant à ma poigne qui le retient de s'enfuir. Il panique et se met à ruer pour se dégager, ne s'attendant pas à être retenu.

-Doucement mon grand, doucement ce n'est rien!

Dis-je d'une voie aussi rassurante que je le peux. Le poney se calme mais reste méfiant face à la longe. Totalement immobile, il observe le morceau de tissu qui le bloque et qui relié à ma main. Ivy revient à la charge et le pousse à obtempéré et à sortir vite du pré. Quelle plaie celle ci.
Je le conduis gentiment vers l'air de pansage où je l'attache. Il se remet à dévisager la corde et tente de tirer dessus, puis à bouger pour tester la limite. Il semble plus calme que dans le pré, il n'a pas la pression de sa soeur. Je me dépêche d'aller chercher un bouchon au moins pour lui accorder un peu de temps, rien que nous deux. Je le caresse d'abord et ensuite j'inclus la brosse. Il est habitué à ce que je fasse l'encolure et les épaules mais il semble un peu plus chatouilleux au niveau des côtes et du ventre. Je n'insiste pas et le félicite à chaque étapes. Je termine par un petit coup vite fait sur la croupe suivit de gratte-gratte sur les fesses. Cette fois plus expressif, il tend le cou et relève la lèvre supérieure. Il gratte un copain imaginaire, dans le vide. Je l'aime trop ce petit cucul pie!

- Ca y est tu boudes plus !

Je souris. Il avait juste besoin de me retrouver. Je lui donne sa ration, vu qu'Ivy et Oxford ne lui ont pas laissé de chance de mangé et il mange à l'attache. Bien sûr la longe est flottante pour qu'il soit à l'aise.
Une fois son repas terminé, je le ramène tranquillement jusqu'au pré de Vision, où il passera sa nuit parce que la petite baie est une terreur et ça ne m'étonnerait pas qu'elle contribue au mal être de Yoko. Je lui fais un dernier bisous sur le nez avant de le laisser retrouver les adultes, accueilli par une symphonie de petits cris amicaux.