Balade des chevaux de Kiara

Lien vers les chevaux

Pour les trois prochains jours ma famille était arrivée du Texas, et souhaitait visiter le domaine, découvrir ce que j’avais construit ici, mais aussi rencontrer mes chevaux. Après tout, ils ne connaissaient que Light, que j’avais importé des US, et les autres ils n’avaient fait qu’en entendre parler. Autant vous dire que c’était une expédition de choix, et après qu’ils aient rencontré toute l’écurie nous nous étions répartis les chevaux. Etaient donc de la partie : Mon père et ma mère, accompagnés par ma tante et trois de ses petits enfants. Mes cousins étant restés au ranch pour veiller sur Jersey, Joran, Solstice, et les autres. Heureusement, dans la famille nous avions l’équitation dans le sang. Bien entendu pour les parents il s’agissait surtout d’équitation Western, mais pour ce qui était de mes petits cousins, ils connaissaient également l’équitation classique. Attribuer chaque cheval ne fut pas une mince affaire. Mais je m’en étais finalement sortie pas trop mal, je pense.

Ainsi, ma tante Chelsea avait Emprise comme compagne de balade. Elle était chuchoteuse au Texas, alors pour elle monter à cru n’était pas un problème. Et je préférais largement cela pour Emprise. Ma petite cousine Sam, âgée de 16 ans mais suivant le même parcours que moi, avait reçu Grace. Comme pour sa mère, monter à cru n’était pas un souci, et comme Grace n’était pas fan de travailler avec un mors, je lui avais indiqué de prendre son sidepull, afin que Grace ne soit pas trop de mauvais poil pendant la balade. Ma mère avait eu la chance de pouvoir prendre Maelström, la tête de cochon, car il n’était pas difficile mais il avait malgré tout du caractère et après avoir débourré des chevaux sauvages il ne serait en aucun cas un problème pour ma mère. Mes petits cousins Jack et Matt (des jumeaux) avaient eu respectivement Quinn et Halian. L’un comme l’autre était un amour, et je savais qu’ils s’en sortiraient bien. Enfin, Light avait été assigné à mon père. C’était lui le plus « difficile » de mes chevaux à l’heure actuelle, mais mon père m’avait accompagnée pour son sevrage, et il était certainement celui qui le connaissait le mieux après moi, alors je savais que cela ne serait pas un problème pour lui. Et il me semble même qu’il avait été ravi de ce choix. C’était le top !

De mon côté, c’était vers Nomade que je m’étais tournée. Pour plusieurs raisons, à commencer par le fait que c’était le plus nerveux en extérieur. Principalement pour cette raison. Je ne souhaitais mettre personne en danger, et c’était donc à moi d’assumer la responsabilité du gris. Une fois tout le monde en plein pansage j’étais entrée dans le box dans lequel j’avais mis Nomade le temps de la séparation avec Quinn, et je lui avais fait renifler ma main en caressant son encolure. Il s’était habitué à sa jument, ça se voyait parce qu’il était en panique totale, comme lors de notre première rencontre. Si Hayden était là peut être aurait-il pu m’aider mais il avait du retard et je ne savais même pas s’il allait parvenir à venir comme il le souhaitait à prime abord. Alors je devais me débrouiller seule et pour ce faire, avant même de commencer son pansage j’avais attaqué par un petit massage, pour l’aider à se détendre. Une fois qu’il fut plus calme, et uniquement à ce moment, j’avais commencé à le brosser, alors que tout le monde était déjà en train de détendre dans le manège. Tant pis si nous avions du retard, tout le monde n’avait pas un cheval sourd …

« On est là ! » Je m’exclamai finalement, une fois que je les eus rejoins pour détendre avant de partir. Juste de quoi faire marcher les chevaux et les ressangler en toute sécurité.
« - Il va y arriver ? » Mon père était inquiet et j’en avais conscience. Je lui avais parlé du cas de Nomade. Mais si je voulais qu’on se fasse confiance mutuellement, il fallait bien commencer par quelque part. Alors j’avais hoché la tête, avant de reprendre :
« - Et toi, t’es bien installée là-haut ? » J’avais demandé à Sam.
« - Un vrai canapé ! » Elle avait souris avant d’ajouter : « Grace est adorable. Elle et moi, on s’adore ! »
J’avais secoué la tête : « - Je vois où tu veux en venir jeune fille. Mais c’est peine perdue ! Grace reste en Angleterre ! » Non mais ! On ne profite pas de mon hospitalité enfin !

Ainsi, une fois tout le monde fin prêt, nous étions sortis du manège. Nous y allions très progressivement, au rythme le plus adapté pour le gris. Au final, il fut clair qu’il ne pouvait pas rester en tête du groupe, s’il prenait panique à un moment ou à un autre, il risquerait d’entraîner tous les chevaux et c’était tout bonnement hors de question. J’avais donc indiqué à mon père de prendre la tête, et j’avais senti Maelström nerveux de savoir que c’était Light qui dirigerait. J’avais donc indiqué à ma mère de rester prudente à cause des deux étalons, et elle avait souris, amusée. Oui, je sais, je lui rappelais son inquiétude à mon sujet quand j’étais plus jeune. Qu’importe.

Quand Quinn avait souhaité venir derrière pour accompagner Nomade j’avais dit  à Jack de la garder à sa place, et de ne pas céder à sa demande. Il fallait qu’ils soient soudés, certes, mais je ne voulais pas récupérer Nomade en panique après chaque séparation. Alors pour éviter cela il n’y avait pas 10 000 solutions, il fallait qu’ils apprennent à être séparés, tout simplement.

Habitué à prendre la tête des randonnées, mon père nous demanda si tout le monde était prêt pour détendre un peu au trot. Comme chacun des cavaliers étaient déjà bien en accord avec sa monture on put entendre à cet instant un « Oui » commun, puis le troupeau passa au trot. Nomade suivit la marche, bien entendu, mais je le sentais nerveux au possible. Forcément, en extérieur il était loin d’être serein. Alors comme à notre habitude je me mis en tête d’être ses oreilles, et je laissais mon instinct gérer la conduite et le trot, tandis que mon regard se portait aussi loin que possible. Quand il fallut traverser une route, je l’arrêtais un peu plus loin du groupe pour ne pas qu’il embarque en fonçant dans le tas, on ne sait jamais.

Vu le nombre de chevaux, nous avions décidé de traverser en deux groupes : D’abord Light, Emprise, Grace et Mae’ ; puis Halian, Quinn, et Nomade. J’avais surveillé le premier groupe, même si j’avais totalement confiance en leurs cavaliers, histoire d’être sûre que tout se passait bien, puis j’avais veillé à l’absence de véhicule avant de faire traverser le second groupe dans le calme. Une fois la route traversée, nous avions repris la marche dans le même ordre que tout à l’heure, et j’avais indiqué à Jack de ne pas faire attention aux supplications de Quinn, qui souhaitait repasser derrière.

Nous reprenions donc le trot suite à cela, et ce faisant je m’étais bien assise dans ma selle, avant d’essayer de placer Nomade correctement. Je voulais un cheval réactif autant aux jambes qu’au poids du corps ou aux indications des doigts, et pour cela il fallait qu’il soit concentré. Heureusement il  commençait à s’habituer doucement à ce que Quinn ne soit pas constamment à côté de lui. Alors j’avais pu en profiter, et j’avais proposé à tout le monde de tenter le même exercice, en prenant correctement ses distances bien entendu. Ainsi le travail était sur l’allongement et le raccourcissement des foulées. Nomade était un novice en dressage, ça se sentait. Et pourtant le fait de lui demander de se placer correctement sur le mors, de relâcher la pression, et de se concentrer uniquement sur mes demandes faisait qu’il arrivait plutôt bien à faire abstraction de l’extérieur. Et finalement, quand chacun estima que son cheval était à l’écoute et disponible pour la suite, nous les laissions se reposer quelques instants au pas, le temps de les laisser reprendre leur souffle.

Une fois que tout le monde fut fin prêt à repartir nous nous étions chacun préparé pour un départ au galop, et j’avais fait attention à être aussi précise que possible, avant de demander un tout petit galop à droite. Bien en équilibre, dans le calme, tout en contrôle et en patience, alors que nous allions bientôt déboucher sur un grand champ qui ne laissait rien présager de bon pour ceux qui n’aimaient pas la vitesse. Heureusement, étant tous de grand amateur de Western, ce n’était le cas d’aucun de nous, et ce fut mon père qui proposa le premier :

« On sait qu’on en meurt tous d’envie. On se la fait cette course ? »

Ma mère et lui avaient beau avoir la cinquantaine, ils n’avaient rien perdu de la fougue de leur vingt ans. Nous nous arrêtions tous sur une ligne, bien parallèle les uns aux autres, Light à une extrémité, et Mae’ à une autre. Nous voulions évidemment éviter les accidents. Et finalement, le décompte précéda notre départ en trombe. Bien évidemment, Maelström prit bien vite la tête du classement, alors que Nomade suivait difficilement. Je ne lui en demandais cependant pas trop, ne lui en voulant pas du tout. J’entendais les éclats de rire des jumeaux, et vis rapidement qu’en fait Halian et Quinn n’arrêtaient pas de se dépasser, jusqu’à ce que Halian se mette réellement à pousser sur son arrière main, doublant ainsi pour de bon sa petite sœur. En quatrième position, et qui n’avait toujours pas baissé les bras nous retrouvions Sam et Grace, avec une jument qui était bien plus motivée par cette petite course que ce que j’aurais pu imaginer. C’était très intéressant à vrai dire ! Elle était même devant Noble, qui n’avait pas dit son dernier mot, mais qui se fatiguait plus vite. Il faut dire qu’il était beaucoup plus jeune que les autres … Enfin, Emprise restait à nos côtés, et je soupçonnais ma jument de ne pas vouloir nous abandonner. Ma tante n’avait aucun problème avec cela, et je souris, en pensant à quel point cette balade était parfaite.

La course et le classement terminé, certains avaient osé se moquer de ma dernière position, et je leur avais cloué le bec en disant : « Avant de rire n’oubliez pas que les deux derniers sont les seuls chevaux dont je ne suis pas la naisseuse, et que je n’ai pas entraîné depuis leur naissance. » Evidemment qu’ils s’étaient inclinés, il aurait fallu être stupide pour ne pas voir que j’avais raison, et cela me faisait doucement sourire qu’ils se soient faits prendre à leur petit jeu.

Finalement, le champ nous emmena directement sur la plage, et je souris. J’en connaissais deux qui allaient être ravis : Halian et Quinn tenaient ça de leur mère. Dès qu’ils voyaient de l’eau ils ne pouvaient s’empêcher d’aller patauger dedans, et j’avais proposé aux jumeaux de mettre pied à terre et de laisser leur monture aller se tremper sans qu’ils n’en payent les conséquences. Ils avaient cependant déclaré que ça ne les gênaient pas, et n’avaient pas perdu de temps pour aller faire la course dans l’eau, au plus grand plaisir des bébés de Solstice ! Emprise, plus calme, se laissait porter aux suggestions de ma tante, qui l’emmena brouter tranquillement. Mon père connaissant Roquépine, il connaissait son passé avec l’eau et avait vite compris que Light partageait le même point de vue que sa défunte mère, ne comprenant ainsi pas du tout le délire de Halian et Quinn. Il décida donc d’emmener Light près d’Emprise. Maelström choisit de surveiller de loin l’assemblée, en bon étalon qu’il était, et ma mère sembla tout à fait d’accord avec sa décision. Sam et Grace, elles, commencèrent du travail à pied, ce qui me fit rire. Quand je vous disais qu’elle suivait mon chemin ! Pendant quelques instants, j’étais personnellement restée assez éloignée de la rive, laissant le temps à Nomade de découvrir son nouvel environnement. Je ne savais pas du tout s’il était déjà allé à la plage, mais son attitude me prouvait tout le contraire. J’avais donc mis pied à terre et passé les rênes par-dessus sa tête pour marcher à côté de lui et pouvoir le rassurer en cas de besoin. Il avait commencé par renifler le sable chaud, éternuant quand celui-ci lui avait chatouillé les narines. Je l’avais caressé distraitement, lui montrant que tout allait bien, et il avait ensuite montré de l’intérêt pour les vaguelettes qui s’écrasaient sur le bord de l’eau. Finalement, quand l’eau lui avait chatouillé les sabots, il avait reculé, avant de s’arrêter puis de réfléchir. Alors, il fit la chose la plus surprenante du monde, puisqu’il s’était levé de quelques centimètres sur ses jambes arrières, avant d’écraser ses antérieurs dans l’eau, m’éclaboussant généreusement au passage ! Je l’avais fusillé du regard, tandis que toute ma famille se moquait de nous, ayant apparemment observé toute la scène.

« Le prochain qui parle de ça, je l’enferme dans un placard pendant toute une nuit, c’est clair ? »
« Tu parles d’une menace ! » Ria Sam.
Je la foudroyai du regard, mais malheureusement pour moi son grand frère décida d’en remettre une couche : « Oui c’est pas comme si tu pouvais tous nous retenir … Ou même nous attraper, tout simplement ! »

Il ne m’en avait pas fallu plus pour sauter sur le dos de Nomade, qui se cabra, d’abord surpris, avant de se jeter dans un départ au galop, à la poursuite de Halian. Cette fois-ci, il sembla beaucoup plus rapide, et il me suffit d’interpeler mon étalon pour qu’il n’ait que faire des demandes de son cavalier du jour. Fière de lui et de sa réaction j’avais souris, et demandé à Matt :
« Tu disais quoi déjà ? Il faudrait déjà que je réussisse à vous attraper, c’est ça ? » Il me tira la langue, et cette fois ce fut de lui dont on se moqua tous, dans la joie et la bonne humeur bien entendu. « Un conseil : Ne sous estimes jamais notre côté de la famille. » Je souris en coin, et ma mère nous rejoignit :
« Ca tu l’as dit ! Que ce soit pour la loyauté de nos chevaux, ou leurs compétences. Et d’ailleurs Matt si tu tiens à ta tranquillité je te conseillerais de surveiller ton langage la prochaine fois que tu t’adresses à ta cousine. »

Même le principal intéressé finit par rire. Il faut dire que dans le genre, c’était bon enfant comme échange, et de mon côté j’avais généreusement félicité Nomade qui s’était montré exemplaire dans cette course poursuite. Il avait résisté à son besoin de ralentir, ne serait-ce qu’un peu, et il avait montré que malgré son handicap il avait tout le courage et la puissance digne d’un Paint Horse pur et dur et ça, c’était une de ses principales qualités à ce jour : Son courage.

Finalement, nous avions tous décidé d’un commun accord que les chevaux avaient assez travaillé pour aujourd’hui. C’était une des balades qui resteraient à jamais gravé dans mon esprit et aujourd’hui, celle-ci le serait parce qu’elle avait été divinement agréable. Je ne m’étais jamais autant amusée en dehors du Texas, et je leur avais montré par la même occasion que même l’Angleterre pouvait être pleine de surprise et de bonheur, si c’est pas merveilleux ! J’étais particulièrement fière de Nomade, car même s’il avait été très nerveux en début de balade il s’était généralement bien comporté, et personne ne m’avait rapporté que sa monture avait essayé de jouer les fortes têtes, tout le monde s’était donc bien amusé, et c’était tout ce que je souhaitais pour aujourd’hui.