Pretty Little Boy - Kiara

       « Pretty Little Boy »

La soirée est bien entamée depuis 17 heures. A 17 heures pile, il y avait déjà quelques habitués qui patientait. Maintenant il est 1 heure, le bar est rempli de moitié, c'est normal au vu du jour qu'on est. Mercredi. Le lendemain, la plus part a cours ou travaille, alors oui je comprend que mon petit bar chéri ne soit pas plein. Après, ça me va. Honnêtement, en ce moment c'est pas la grande forme alors si moins il y a de monde moins il y a de travail et je peux me reposer un peu plus. Ruby m'aide a servir et elle me soulage un peu car même si c'est un bar tout récent, il commence à être populaire.
Quelques minutes après avoir servit un Dai'Kiwi à un jeune homme qui me fait de l'oeil depuis son arrivé, je reçois un message de Kiara, clair, net et précis : "Unreal commence la mise bas.". Bon je suppose qu'elle est toujours un peu fâchée car je ne lui ai pas dit que son ex-femme travaillait avec moi, mais au moins elle me prévient que ma jument est train de donner la vie. J'arrête un instant de prendre les commandes et de jouer de mon shaker pour respirer profondément. Les naissances me stressent et m'émerveillent aussi. Je dois prendre sur moi pour ne pas tout lâcher pour rejoindre ma poulinière. J'en ai encore pour deux heures de services, avec un peu de chance je pourrais fermer un chouillat plus tôt. Je préviens Kiara que je ferme mon barre vers 3 heures du matin et que je ne pourrais pas être présent avant. Après tout, les mises bas prennent du temps, j'espère arriver avant que son bébé montre ses pattes.

Trois heures. Je me retrouve dans l'allée du reproducteur, à chercher du regard la trentenaire. Celle-ci m'attend un peu plus loin, j'arrive à sa hauteur, je lui lance aussi sympathiquement que je le peux, avec la fatigue, le manque de caféine, les cernes sont surement visible sur mon visage.

- Salut Kiara. J'ai réussi à me libérer un peu plus tôt.

J'inspire profondément et ose jeter un regard par-dessus la porte du box. Je suis nerveux, comme si c'était moi le père, enfin c'est tout comme vu que c'est moi qui va l'éduquer.

- Comment va-t-elle?

Unreal nous avait rejoint il y a peu, car sa mise bas approchait. La saillie avec Nashwan s’était très bien déroulée, les deux chevaux s’entendant directement à merveille, et l’étalon connaissant parfaitement son travail. Et ce soir, alors que la date de poulinage prévue arrivait à grand pas, l’Espagnole avait commencé à montrer les signes qui précédaient l’arrivée du petit. J’avais donc prévenu son propriétaire et éleveur, Valentin. Lui et moi n’étions plus en très bons termes en ce moment, cependant toutes les fois où je n’avais pas pu être en permanence avec mes juments lors de la mise bas, j’avais accouru quand on m’avait prévenue du début du travail. Je n’aurais pas aimé qu’on me le cache, alors je ne me voyais pas le lui cacher. Il avait répondu que son bar fermait à trois heures du matin et qu’il ne serait pas là avant. Soit, ça n’était pas mon problème. De mon côté, j’avais à faire.

Aux alentours de trois heures, comme Unreal était plutôt calme, j’étais allée attendre Valentin qui n’avait pas tardé à montrer le bout de son nez. Il me dit qu’il avait réussi à se libérer un peu plus tôt. J’avais hoché la tête, tant mieux pour lui. Je l’avais ensuite guidé jusqu’au box de poulinière qu’occupait sa jument, et sentant qu’il était sincèrement nerveux, je m’étais déridée un peu. Nous n’étions vraiment pas si différents au fond.

« Les primipares sont généralement plus inquiètes, plus nerveuses. Elle, elle est détendue, ça se voit. » Je dis, sereinement. Pour l’instant, mon boulot consistait surtout en de l’observation. De la vigilance. Tout était une question d’attention, et de surveillance du timing. Je préférais la laisser gérer un maximum, et n’intervenir qu’en cas de besoin.

Finalement, son col commença à se dilater. Cela voulait donc dire que le petit bébé n’allait plus tarder, et Unreal commença à pousser pour de vrai, lentement mais sûrement. Main sur la poignée du box, je restais aux aguets, prête à agir. Couchée sur le flanc, elle semblait savoir ce qu’elle faisait, mais on n’était jamais sûr de rien lors de ce genre d’évènement. Les minuscules sabots du petit PRE commencèrent à faire leur apparition, et je ne pus m’empêcher de sourire, toujours aussi concentrée. Les mises bas avaient toujours été quelque chose de très précieux à mes yeux.

Au bout d’une heure de travail, Unreal termina d’expulser son bébé comme une chef, et elle ne perdit pas de temps avant de commencer à le toiletter, tout en tendresse. « Félicitations Valentin. » Je lui dis, sincèrement, émerveillée une fois de plus par le miracle de la vie.

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En arrivant je n'ai ni le droit à une salutation ni à une parole de sa part, juste à un hochement de tête quand je lui dis que j'ai pu me libérer plus tôt. Je râle intérieurement, mais je suis bien trop fatigué pour m'exprimer et pour me battre avec Kiara. Finalement, voyant mon stress et mon inquiétude, elle se détend, comme si cela prouvait que je ne suis pas juste un connard sans sentiment, sans âme, sans loyauté... Bref. Elle m'accompagne jusqu'au box de la jument à la robe dorée. Elle me dit que les femelles qui ont une première portée sont bien plus stressée que celle qui en ont déjà eu, c'est vrai qu'Unreal a eu Crystal Wave il y a cinq ans.

- Oui, Crystal est sa première pouliche.

Le chose se déroule bien trop vite à mon goût. Je suis nerveux mais je sais que Kiara est prête à intervenir dès le moment où la jument montrerait des signes de difficulté ou de détresse mais ça ne m'empêche pas de faire les cents pas dans l'allée, n'osant même pas jeter un coup d'oeil à l'intérieur du box. Finalement au bout d'une heure, qui m'a parut être une minute, Kiara m'annonce la naissance du poulain.
Sans plus attendre, je rejoins Kiara à la porte du box pour découvrir le petit loulou qui vient d'être mis au monde. Un petit ... Bai ?! Comment est-ce possible ? Je me tourne vers la texane interrogateur.

- Unreal aurait-elle fait des infidélités à Nashwan ?

Elle aurait fricoté avec Heigh Ho dans mon dos ?

Je suis un sceptique, mais j'attend de voir le sexe du poulain, une fois qu'il se sera levé.

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J'hoche la tête quand elle me dit que le bai était temporaire et qu'il grisonnerait avec le temps. Kiara et moi on observe Unreal s'occuper de son poulain comme une très bonne mère. Elle me l'a déjà montré avec Crystal, maintenant elle me le prouve une deuxième fois avec celui-ci. Kiara me lance une petite remarque pour rire. Je fais une moue vexée et affiche une tête boudeuse comme un enfant.

- Maiiiis! Je suis très adorable moi!

Je ris un peu mais mon rire se perd dans l'allée. Je suis fatigué et j'ai pas vraiment envie de jouer les faux-cul. Si quelque chose doit être dit, je vais le dire.

- Tu sais Kiara, si je ne t'ai pas parlé de Ruby, s'est parce que vos affaires ne me concernent pas. J'espère que tu peux le comprendre et que tu peux comprendre que ce n'était pas à moi de dire les choses, si Ruby avait envie de te venir te parler c'était à elle de le faire quand elle se serait sentie prête. Je suis bien trop fatigué pour supporter des reproches ou de la froideur. Les choses sont dites, je n'ai rien à me reprocher.

Je dis ça d'un bloc, c'est un peu brouillon, un peu n'importe quoi mais tant pis. J'ai aucunement envie de rester dans la situation de froid, qui est juste détendu par la naissance du poulain mais qui ensuite redeviendra froid une fois l'euphorie redescendue.

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Je l'écoute aussi attentivement que je le peux, cependant pour me concentrer sur ses mots et pour donner un sens a ce que j'entend je suis obligé de la regarder, quittant donc le poulain des yeux. Je comprend, je comprend ce qu'elle veut me dire, le truc c'est que tout comme je ne l'ai pas prévenu que Ruby était une serveuse du bar, je n'avais absolument prévenu Ruby qu'elle devrait servir son ex ? Sa femme ? Bref, Kiara. Dans les deux cas, l'une et l'autre n'ont pas réagit pareil. Ruby a été très professionnelle et s'est occupée de Kiara comme une simple cliente, tandis que Kiara...

-Ecoutes, je n'ai fait aucun ... favoritisme ? Hum...

Je réfléchis une minute...

- Enfin, je veux dire, je n'ai prévenu ni toi ni Ruby que l'autre était au bar, alors il ne faut pas que tu prennes ça pour toi, tu comprends ?

Je la regarde tendrement, enfin sous ma fatigue et sous mes cernes.

- Tu peux avoir confiance en moi. Je ne t'ai jamais laissé tomber et je ne compte pas le faire. Malgré tout, tu es importante et tu es l'une des seules personnes qui a vu en moi bien plus qu'un petit con, qui a vu mon potentiel et qui m'a confié des responsabilités. Alors non, je ne vais pas te laisser tomber et si je ne t'ai pas parlé de Ruby ce n'était pas dans le but de te blesser, ni rien ... c'était parce que malgré tout, ça ne me regardait pas. Enfin bref...

Je détourne le regard de Kiara pour voir un petit cul bai en train de téter Unreal. Je souris tendrement et découvre que c'est un joli petit mec.

- Hé bien, maintenant manque plus qu'à lui trouver un prénom à ce petit gars.

J’étais bien loin de m’attendre à cette discussion, surtout pas ce soir. Mais malgré ça, j’écoutais plutôt patiemment ce que Valentin avait à me dire. De toute évidence je n’avais de toute façon pas la force de l’envoyer sur les roses, alors pourquoi envisager d’être aussi sèche ? Je l’écoutais s’expliquer, de toute manière à présent que les choses allaient mieux avec Ruby j’étais bien loin d’être aussi remontée que lorsque je lui avais envoyé ce message. C’était plutôt son attitude qui m’était restée en travers de la gorge. Mais tandis qu’il s’expliquait, je finissais par voir les choses comme il me les expliquait. Et puis il avait raison, Ruby non plus n’avait pas été prévenu … je ne l’aurais clairement pas joué de la même manière qu’il l’avait fait, mais au moins il avait eu l’intelligence de ne pas prendre parti… Et je finis par hocher la tête, quand il me dit si je comprends ce qu’il veut dire.

Et puis, alors qu’il prononçait ces mots, je commençais à m’en vouloir d’avoir douté de lui. Valentin parlait rarement de son passé, mais j’en savais tout de même pas mal sur lui, et l’entendre dire que je restais l’une des seules personnes à lui avoir confié des responsabilités, lui montrant que je pensai pouvoir avoir confiance en lui … Ma gorge se serra, et sans réfléchir je l’avais étreins, l’espace d’un instant. « Merci d’avoir été honnête avec moi Valentin. Ca signifie beaucoup pour moi… »

Je l’avais ensuite libéré, le pauvre, et j’avais souris quand nous avions découvert que le futur gris était un petit mec. J’avais hoché la tête quand il avait dit que nous devions lui trouver un prénom. « Eh bien, c’est toi le papa, alors à toi l’honneur … » En tout cas pour ma part, et comme à chaque naissance j’avais hâte de voir ce petit grandir.