Entraînement avec Kiara

Hier, je n’avais pas pu m’empêcher de remarquer Halian avait un caractère facile. Et tandis que j’avais mis Maelström, Grace, et Emprise dans le même paddock, j’avais mis dans le second Noble Lighning, Quinn, et Nomade. Ce dernier ne quittait plus sa jument, et il avait beau être du genre soumis je n’avais aucun doute sur le fait qu’il ne laisserait jamais rien lui arriver. Mais pour l’heure, j’avais envie d’aller voir Halian, que je n’avais pas assez vu grandir à mon goût. Il était aujourd’hui un bel étalon, presque entièrement blanc, et avec un charme et une prestance naturel, surtout en liberté. C’était d’ailleurs ce que nous allions travailler aujourd’hui. Mais pour l’heure, il était le dernier à être resté au box, et c’était pour une seule raison, que je puisse le brosser tranquillement.

« Salut grosse Patate. » Je souris, en arrivant enfin dans son box. Il secoua la tête de haut en bas, mi nerveux à l’idée d’être encore enfermé, et mi excité à l’idée d’enfin sortir, et je lui dis « Aujourd’hui ça va être ton tour d’aller travailler. Mais pour ce faire il faut qu’on te fasse tout beau, et qu’on vérifie que tout roule. » J’avais distraitement caressé son encolure, et j’avais pu sentir à quel point même cette partie de son corps était musclée. Il faut dire qu’il avait tout ce qu’il fallait, là où il fallait. Il était juste impossible que j’envisage sérieusement de faire de lui un hongre, si ? « Et toi qu’est-ce que tu en dis ? Tu as envie de faire des bébés à une jolie jument Paint ? » Il me regarda curieusement, et je suis presque certaine que s’il l’avait pu il se serait foutu de ma gueule. Il n’avait eu aucun mal à saisir que c’était une question importante mais au-delà de ça …

« Aller, on te fait tout beau, et on sort juste après c’est promis ! » Je lui dis, avant de m’attaquer à son épaule, pour commencer. Son pansage n’était clairement pas du luxe, surtout après les roulades dans la boue qu’il s’était fait un plaisir de s’offrir hier. Une chose est sûre, la crinière en mode dreadlocks c’était pas ce qui allait le mieux à son teint, et je pouvais totalement sentir que plus je tirais, plus il était énervé. Peut être les nœuds devaient ils lui taper sur le système, mais je ne me voyais pas couper tout ça pour remédier au problème le plus important possible. Alors j’avais pris le temps de procéder correctement au démêlage, avant de finalement passer à la touche finale à savoir, les pieds. Le plus important selon moi. Cela fait, nous étions sortis de son box, en liberté, et nous avions rejoint la carrière.

Là, j’avais pris le temps d’installer un petit parcours d’obstacle. Rien de bien compliqué, et après tout Quinn et son frère étaient tous les deux issus d’un couple de champions, alors ce parcours était parfaitement dans leur corde. D’ailleurs je viendrai sûrement profiter du calme de la soirée pour venir sauter tout ça avec la sœur de Halian. Mais pour l’heure, nous avions affaire à du travail en liberté, et si je voulais le faire sauter, je me devais d’abord de le détendre correctement. Heureusement j’avais prévu à cet effet quelques barres au sol dans toute la carrière. Et pour la détente de l’étalon, quoi de mieux que de me mouvoir en même temps que lui ? C’était le plus efficace à mon sens, et il me suffirait de lui montrer où je souhaitais qu’il aille en le précédant sur le chemin, un jeu d’enfant !

Ainsi, nous avions commencé par marcher sur la piste à main gauche. J’étais bien entendu en piste intérieure, et je le sentais faire attention à ce que sa tête ne double jamais mon épaule. Comme s’il estimait que cela était la distance parfaite. A chaque arrêt il se concentrait pour ne pas louper l’indice qui marquerait l’immobilité, et au fur et à mesure il arriva à décrypter chacune des informations corporelles que je lui renvoyais. Alors, quand cela fut fait à main gauche, puis à main droite, je me mis à courir avec lui pour le faire trotter. Bien entendu cela était bien plus compliqué que de marcher. Très franchement de vous à moi courir dans le sable n’a jamais été mon point faible ! Cependant, Halian se débrouillait plutôt bien, et réussissait même les transitions dans l’allure que je lui demandais de réaliser. Cependant, il me fallait être réaliste, je ne pourrais pas continuer et terminer la détente en courir à ses côtés. J’étais donc allée rejoindre le milieu de la carrière, et l’avais placé sur un cercle sur lequel j’avais travaillé son incurvation par un repoussement d’énergie, une des notions complexes de l’éthologie. Il était cependant un champion dans sa catégorie et il me montra rapidement que le travail en liberté ne lui posait aucun type de problème. Mais c’était ce qu’il pensait. Pour l’instant nous ne travaillions que les allures, mais il allait bientôt falloir travailler les allures tout en sautant correctement. Un véritable challenge, et je sais qui se serait fait un plaisir de le relever : Maelström. Je secouais la tête, cet étalon m’en faisait déjà suer en temps normal, il était tout bonnement hors de question que je me mette  à penser à lui là maintenant.

« Alors, t’es prêt ? » Je l’interrogeais, un regard sur les lèvres en l’attirant sur moi. Pour commencer, je l’avais emmené faire le repérage du parcours, le faisant marcher sur chaque courbe, lui montrant le nombre de foulées à adopter dans le double. Il piaffa d’impatience, alors que nous nous tenions sur la ligne de départ, et j’eus du mal à le faire maintenir en place. Finalement, quand je lui donnai le signal pour commencer son parcours il ne se fit pas prier et tomba directement dans un galop rapide. Je me tenais de mon côté à bonne distance de chaque obstacle pour observer les choses que nous aurions à travailler lors de séances prochaines. En tout cas une chose est sûre, jamais je ne pourrais me lasser de le regarder évoluer en liberté. Enfin …

Une fois le signal de départ donné donc, nous commencions par un tout petit vertical, d’une cinquantaine de centimètres aussi. Un jeu d’enfants, il ne sauta presque pas tellement il n’était pas désorienté. Heureusement plus tard se trouvait un oxer, de soixante-dix centimètres, du coup plus intéressant pour lui. J’avais fait attention à ce qu’il garde un galop plutôt posé. Je ne voulais pas qu’il ne se blesse, ou qu’il fasse un geste brusque, qui aurait pu avoir un effet néfaste, même alors qu’il n’avait personne qui n’influençait son état physique. L’oxer passé (la prochaine fois je vous jure je vais sortir l’appareil photo !), je lui désignais l’obstacle suivant à savoir un nouvel oxer. Pour le sauter correctement, Halian devait faire attention à son tracé avant de manquer de se blesser. De face, le voir sauter était encore plus majestueux et puissant que de profil mais je n’avais pas le temps de m’attarder là-dessus puisque il dégageaient une puissance hors du commun.

Sur le double comme précédemment j’avais fait attention à ce que ses foulées soit rassemblées, et concentrées tout en restant équilibrées, et efficaces. Ainsi, après le double il fut amené à passer un obstacle d’eau, où il ralentit un instant s foulée. J’avais donc donné un claquement de langue, Le remotivant au passage. Là, il frôla la barre, et je me dis alors que peut être devions nous revoir ce type d’abord, et sa façon de gérer tout son saut. Il avait l’air d’avoir le goût de sa mère pour l’eau, et s’était arrêté tout net après avoir passé le dernier obstacle en date. Immédiatement j’étais intervenue, le repassant au trot puis au galop, d’abord sur la piste, puis à nouveau sur le parcours. En contrebas se trouvait un tout petit vertical, un nouveau, et cette fois-ci à nouveau il fit comme si de rien n’était (pas étonnant il faut dire, vue la pseudo hauteur de la barre … ) Suite à ce second vertical donc, un nouveau double où cette fois, il n’y avait même pas la distance pour une foulée. Je le fis donc ralentir dans le galop à coup de « Wow wow » qui faisaient comme des vagues. Un langage un peu étrange, mais qu’il comprenait parfaitement bien puisque je vis alors son galop se rassembler, et ses foulées ce raccourcir. Il avait suivi la direction naturelle du parcours et était donc arrivé sur le double sans difficulté, et même s’il avait d’abord été décontenancé, j’avais fait exprès de ne pas mettre trop de hauteur pour lui faciliter les choses. Il s’en sortit donc, sans trop de difficulté, et je lui avais désigné le dernier vertical du parcours, qu’il passa à vive allure. Il aurait pu donner un coup de cul au passage que ça ne m’aurait même pas étonnée. Cependant il lui restait encore deux obstacles à franchir et j’avais donc redonné un claquement de langue histoire d’éviter qu’il ne s’endorme, à faire n’importe quoi et n’importe comment. En effet, le dernier oxer du parcours était plus haut que les autres puisqu’il approchait des un mètre. Je l’avais donc calmé, de là où j’étais, et heureusement qu’il avait regardé où il allait sinon il aurait très probablement foncé dans le tas. J’étais cependant inquiète pour la dernière courbe, et le dernier obstacle à franchir. Un spa. Il n’avait jamais vu ça de sa vie. Je le laissais donc bien allonger ses foulées, prendre un peu de vitesse s’il le souhaitait, et surtout, bien regarder sa trajectoire. Il ne fallait pas  se louper sur ce genre d’obstacle, et je le vis aborder un peu tard, en tout cas c’est ce que je pensais, mais finalement je vis son dos s’étendre au dessus de l’obstacle, ses antérieurs se préparer pour la réception, et ses postérieurs éviter de justesse la dernière barre de l’obstacle en question.

Je n’avais pas perdu de temps avant de le ralentir, et de le féliciter, et cela l’avait mis en joie puisqu’il passait à présent à trotter gaiement, la queue en panache, ce qui me faisait bien rire. Je l’avais cependant ralentis, et avais décidé de lui offrir une séance de broutage avant de le ramener au pré dans lequel se trouvaient déjà Mae’, Grace, et Emprise. Pourquoi ce choix ? Eh bien Light avait beau être un peu plus sage que Mae’, il ne connaissait pas encore complètement Halian. Alors que Maelström le connaissait depuis son plus jeune âge, alors je savais d’avance qu’il ne lui ferait pas de mal. Arrivés là-bas, je lui avais rapidement curé les pieds avant de le lâcher dans le paddock et de le voir reprendre son trot, queue en panache, tout content des félicitations qu’il avait eu. Emprise en profita pour venir quémander une caresse que je lui offris avec plaisir, avant de lui demander « Fais attention à lui ma puce s’il te plaît. Mae’ est de mauvais poil en ce moment, je me méfie … » Finalement, j’avais déposé un bisou sur son museau, puis les avais laissé à leur détente à l’air libre.


Promis la prochaine fois je fais une partie box et une partie entraînement mais là c'était moche si je faisais ça ..
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Lien vers les chevaux

La balade d’hier avait été un franc succès, en revanche en rentrant je n’avais pas été déçue par les dégâts d’Ibiza qui, malheureusement, avait une très forte tendance à l’hyper attachement. Alors aujourd’hui, histoire d’éviter qu’une telle chose ne se reproduise, elle m’avait suivie au travail et elle avait été sage comme une image, ne souhaitant qu’une chose : Être à nos côtés. C’était un amour de husky, et de ce que j’avais pu découvrir de la race, une exception à la règle qui disait qu’ils étaient tous d’un naturel très aventurier. Elle ne l’était absolument pas et ce, uniquement à cause de son passé désolant. Heureusement aujourd’hui cela me permettait de pouvoir l’emmener partout avec moi, comme aujourd’hui où elle resterait au bord de la carrière. Mes parents ainsi que ma tante avaient été un peu inquiets quand je leur avais dit que nous allions sauter. Jamais de la vie ils n’ont fait ça, et ils allaient tenter avec des chevaux qu’ils connaissaient à peine, mais j’avais confiance en ma cavalerie. Les jumeaux, tout particulièrement, allaient s’éclater. Sans compter que pour eux, ça n’était pas la première fois …

« On arrête pas le progrès toi et moi. » Je dis à Nomade, tandis que chacun était allé panser son cheval. Il ne pouvait pas m’entendre, certes, mais les phrase et les expressions dégageaient des émotions et j’espérais qu’il était en mesure de les percevoir. « Tu vas voir. Le saut, c’est chouette. » J’avais commencé par brosser à coup d’étrille américaine, ce qui ne fut pas du luxe, au vu des restes de leur nuit au pré. Cela fait, j’étais venue passer un coup de bouchon sur tout son corps, et j’avais ensuite utilisé la brosse douce pour terminer la première étape. J’avais ensuite pris le temps de démêler ses crins, bien emmêlés soit dit en passant. C’était à se demander s’il n’avait pas passé la nuit entière à secouer la tête sur du hard rock je vous jure ! C’est pourquoi une fois sa crinière finie j’étais passée à la queue, et j’avais passé ma tête par la porte de son box : « Bandes de travail pour tout le monde ! » Mes parents avaient beau être de grands cavaliers de Reining, le CSO n’avait rien à voir, c’est pour cette raison que je voulais ne prendre aucun risque inutile. J’étais ensuite retournée à Nomade, et avais bien brossé ses sabots, rapidement mais efficacement. Cela fait, je l’avais sellé et bridé, puis je lui avais posé ses bandes de travail, qu’il avait reniflé comme si j’étais folle. J’avais haussé les épaules, souriant, et j’étais sortie, le menant dehors à son rythme, en direction de la carrière.

Les autres étaient déjà en train de détendre, et je souris en voyant mon père faire principalement du trot assis sur Light. Le pauvre n’avait pas encore conscience que les selles Western étaient bien plus pratiques pour ça que les selles classiques mixtes. Je m’étais cependant concentrée sur Nomade, qui était nerveux. J’avais fait la moue, et j’avais ressanglé d’un trou, avant de me mettre à cheval malgré tout. Première étape : Le laisser se détendre en restant sur ses gardes. Il était déjà tard mais il faisait encore clair (merci les nuits d’été), alors je n’étais pas tout à fait certaine que personne ne serait de sortie. Je le faisais donc marcher rênes longues, tranquillement, caressant doucement son épaule ce faisant, pour qu’il réussisse à se calmer à son rythme. Nous marchions en piste intérieure, et comme il connaissait tous les chevaux présents ici il ne se laissait pas surprendre lorsque nous étions dépassés.

J’avais réfléchis à la meilleure façon de procéder et finalement nous nous étions tous remis en file indienne, Maelström devant, et Light fermant la marche, histoire qu’ils soient le plus éloignés possible. Je n’avais pas encore monté les obstacles, ce qui nous permettait de marcher à notre guise dans toute la carrière. Nous avions commencé par vérifier les commandes : Départ, arrêt, allongement, raccourcissement, changement de main, incurvation sur la jambe intérieure. Certains chevaux et leurs cavaliers avaient des prédispositions au dressage alors c’était un exercice bien plus simple pour eux. Cependant, je voyais déjà ma mère progresser, en partie grâce à son expérience, en partie grâce au niveau de Maelström qui lui facilitait bien la tâche. Je souhaitais, dans tout ça, réussir à faire travailler Nomade un minimum, et non pas qu’il se contente d’évoluer au même rythme que les autres. Heureusement avec les exercices d’hier il avait réussi à comprendre un peu plus comment on se plaçait correctement sur le mors.

La détente au pas terminée pour tout le monde, nous nous étions un peu plus éloignés les uns des autres avant de partir au trot d’un même mouvement commun. Nomade avait soufflé un coup, avant de s’arrondir vers le bas, ce qui lui avait valu une caresse de félicitations. Son attitude était très agréable, et c’était exactement ce que je recherchais : Un cheval bien dans sa tête, qui du coup arrivait à faire ce qu’on lui demandait comme s’il n’avait aucun handicap. Allongement, changement de main et donc de diagonal, raccourcissement, arrêt du trot puis départ de l’arrêt au trot, et ce sans perturber le cheval de devant ou celui de derrière. Mon regard se portait loin en permanence, me préparant à passer en piste intérieure au cas où il avait besoin d’observer quelque chose mais pour l’heure ça n’était pas nécessaire.

Nous les avions ensuite laissé marcher au pas le long de récupérer, puis nous avions décidé de galoper par groupe. Ainsi d’abord Light, Grace, Quinn et Halian s’élancèrent pour détendre à leur rythme, pendant que nous continuions de faire marcher les trois autres. Quand ils estimèrent que c’était suffisant, Maelström, Emprise et Nomade s’élancèrent à leur tour. Mae’ avait envie de sauter, il adorait ça, et ça se sentait. Emprise, elle, se contentait de se prêter volontiers au jeu. Quant à Nomade, il allongeait et raccourcissait à demande, mais je le sentais à nouveau nerveux. Cela m’embêtait tout particulièrement, alors je n’avais pas abandonné tant qu’il n’avait pas réussi à se stabiliser dans un galop moyen, que nous pouvions tous les deux gérer ensembles, et non pas l’un contre l’autre. Cela demandait un véritable travail de concentration, mais ça valait largement le coup !

Quand la détente fut terminée pour tout le monde j’avais demandé à mon cousin de me tenir Nomade pendant que je plaçais les barres à différentes hauteurs. Pour ceux qui avaient déjà sauté : Une soixantaine de centimètres, et un oxer à quatre-vingt. Pour les autres nous étions plus sur du quarante – cinquante.

« Qui commence ? » Je demandai, en me remettant en selle.

Sam leva la main, enthousiaste, et nous remettions nos chevaux en marche au pas. Heureusement que la carrière était suffisamment grande pour qu’on ne se gêne pas ! L’ordre de passage était simple : vertical 60, croisillon 60 séparé de trois foulées par un second vertical à la même hauteur. Vertical de 70 puis on termine avec l’oxer. J’indiquais donc à ma petite cousine de partir quand elle serait prête, et elle partit directement, Grace peu motivée par ce qui l’attendait. Il faut dire que le saut, ça n’était pas franchement sa tasse de thé. Cependant, les aides de Sam étaient bien placées, tant et si bien que Grace n’avait qu’à suivre ses indications. De là où j’étais, ça ressemblait presque à un jeu d’enfant. Nous l’avions chaudement applaudie, Grace n’était pas chiante mais ça n’était pas n’importe quel cavalier qui aurait su la guider aussi bien ! Cependant, ressentant une chose probablement étrange suite à ces vrombissements autour de lui, Nomade s’était agité, et je m’étais interrompue de suite, avant de me rapprocher de lui, tandis que Quinn s’élançait à son tour sur le parcours. Je le rassurai, et lui caressais tout le long de l’encolure, sous le regard inquiet de mon père. Je ne souhaitais cependant pas m’inquiéter, et préférais plutôt faire confiance à Nomade qui était un amour, juste nerveux.

Quinn avait totalement explosé le chrono, et seul Maelström pourrait mieux faire à l’heure qu’il était. En effet, Halian avait beau être dingue du CSO lui aussi, il n’avait pas la dextérité de sa sœur. Pour l’heure cependant, c’était Light qui allait s’élancer et j’avais été plus inquiète pour mon père et lui, que pour Nomade l’imprévisible. J’espérais une seule chose : Que Light soit suffisamment intelligent pour comprendre que mon père n’était pas un pro, au contraire ce serait le premier parcours de sa vie… Ils s’élancèrent tous les deux sur la version light du parcours, et mon père décida de passer ça au trot, pour garder le contrôle de la situation. Et bien évidemment, Light avait décidé de ne faire qu’enjamber les barres, dans la continuité de son allure. Ce n’était pas surprenant, et c’était plutôt marrant de voir ce champion de Reining réaliser un parcours à cette allure. Cependant, nous décidions de malgré tout l’applaudir, car il s’était prêté au jeu, et ce fut ensuite le tour de Maelström, qui passa son parcours au petit galop à la demande de ma mère. La grande gagnante du jour serait donc Quinn, et personne n’avait de souci avec ça.

Pendant leurs passages à tous j’avais continué de faire marcher, trotter, et même galoper Nomade, et finalement, alors que nous étions dans un galop moyen, j’en profitais pour l’emmener sur le parcours, rênes tendues, mains en haut des crins, en équilibre sur mes étriers, essayant au mieux de prévoir tous ses mouvements. Je l’avais accompagné comme il se doit, c’était après tout la première fois qu’il sautait. Cependant, après le premier vertical il essaya d’embarquer, et c’est à cet instant que je compris que ce qu’il venait de faire lui avait plu. J’avais alors souris, et je l’avais rassemblé après une volte, pour garder un contrôle parfait de son allure. Une fois qu’il se fut calmé, j’avais décidé de lui permettre d’adopter ce galop plus ample, et je l’avais emmené sur la suite du parcours. Chaque obstacle qu’il passait me donnait l’impression de l’accompagner les deux pieds joints dans sa nouvelle vie. Sa vie normale, où son handicap ne serait pas un problème. Où lors de nos séances il lui suffirait de me faire confiance pour pouvoir garder son calme. C’était en tout cas très bien parti, et même si je fus tentée par l’oxer de 80 je ne voulais pas mettre la charrue avant les bœufs, et j’avais donc opté pour sa version light. Un jour, nous passerions cet obstacle, et bien d’autres encore ! Mais pour l’instant, nous devions aller à notre rythme et j’en avais conscience.

Pour conclure la journée nous étions allés faire tranquillement le tour du domaine à pied, Ibiza nous accompagnant, et j’avais ainsi pu prendre le temps de montrer à Nomade tous les tracteurs réapprovisionnant les écuries en foin, entres autres. Nous continuions de recevoir des équidés, et cela me fit penser que nous devrions peut être travailler sur l’embarcation en van un de ces jours. Rien ne pressait cependant, puisque nous avions largement le temps de nous aventurer sur ce terrain. Le principal ce soir, c’était que tout s’était bien passé, et que tout le monde était content de son passage, même si je suis prête à parier que mon père n’allait pas rester sur ce passage au ralenti !

De retour au box, j’avais retiré les bandes de travail de Nomade, sa selle, ainsi que son filet, avant de lui donner une pomme bien fraîche, et surtout bien méritée ! Je l’avais séché -c’est qu’il avait transpiré le p’tiot !- et je l’avais ensuite brossé longuement, patiemment, tout en douceur, pour marquer l’accalmie de la fin de la soirée. J’étais très contente de ce qu’il avait pu m’offrir ce soir, et j’espérais qu’il se rendait compte de ma fierté à son égard. Mes caresses témoignaient de mon affection pour lui en tout cas, et je n’aurais pu espérer rien de mieux de sa part. Il était tellement plus que ce que j’aurais pensé, après le si peu de temps que nous avions passé ensembles… Certes il ne me montrait pas d’affection pour le moment, mais il m’accordait sa confiance quand c’était nécessaire, et c’était le plus important, et de loin !

Ok'hami

Trois ans … Trois ans que cette belle pouliche avait vu le jour dans mon écurie privée. Elle était une fierté, et malgré le stress ressenti lors de sa naissance, j’étais aujourd’hui sûre qu’un avenir radieux allait s’offrir à elle. Je n’avais qu’une hâte, commencer son véritable travail. Aujourd’hui, nous découvrions la carrière, mais je souhaitais d’abord commencer par le rond de longe, espace plus restreint. Ok’hami était sellée, son sidepull sur la tête, prête à être montée. Pour l’occasion, j’avais même mis une bombe, si c’est pas de la prudence ultime. En effet, j’étais censée avoir de l’aide aujourd’hui. Riley aurait dû me la longer tandis que nous attaquions la monte. Malheureusement, elle a eu un contretemps et je vais donc devoir me débrouiller seule. Je préfère donc prendre les précautions nécessaires. « Mais ni toi ni moi ne risquons rien, n’est ce pas ma puce ? »

J’avais soufflé un petit coup, puis avais pris mon courage à deux mains. Face à son flanc, main gauche dans ses crins, main droite sur la corne de la selle. J’avais pris appui, jaugeant sa réaction, qui ne vint pas, signe qu’elle était à l’aise pour le moment. Alors j’avais continué en sautillant très légèrement sur place. Elle avait soufflé, sans plus. J’avais pincé les lèvres, et avais pris appui, comme si j’allais monter, avant de mettre le pied gauche à l’étrier. Elle avait un peu avancé, mais je l’avais arrêtée à l’aide de la voix (heureusement que nous avions commencé ça quand elle savait à peine marcher). J’avais ensuite recommencé cette étape depuis le début, et cette fois elle ne sembla pas décidée à avancer plus que ça. Alors, j’avais fini par pousser vers le haut, avant de m’asseoir souplement en selle, sans faire durer ce moment plus longtemps que nécessaire.

J’avais souris, caressant son encolure, avant de l’enlacer tendrement. Je pouvais sentir son cœur massif battre, et je savais qu’elle n’était pas sereine. Alors j’avais décidé de ne pas bouger, restant tout près d’elle pour la rassurer le temps que ça aille mieux. Finalement, quand elle avait enfin expiré, une bonne fois pour toute, j’avais mis pied à terre, et elle m’avait regardé l’air de demander pourquoi je faisais ça. J’avais souris, et m’étais inclinée devant elle avant de faire un pas en arrière. Elle prit alors la décision de me rejoindre, chose que j’attendais d’elle. J’étais ensuite revenue face à son flan, empoignant ses crins, la corne de la selle, pied gauche à l’étrier, et hop. J’effectuais cette démarche plusieurs fois, jusqu’à ce que ce moment ne soit plus inquiétant pour elle, et elle finit par comprendre, assez vite, que même si je n’étais plus à terre avec elle, j’étais toujours tout près d’elle.

Au final, j’avais donné un claquement de langue, et elle avait commencé à marcher, tête baissée, naseaux près du sol. Alors oui certes, elle était détendue, mais un peu trop à mon goût. J’avais donc donné un nouveau claquement de langue, pour l’aider à dynamiser son allure, et tandis qu’elle activait le pas, je tentais des rênes d’ouverture à droite, à gauche, ainsi que des déplacements de hanche, d’abord à droite, puis à gauche. L’avantage en Western, c’est que toutes ces commandes doivent absolument être acquises à pied avant de commencer en travail monté, alors je n’avais absolument aucun doute sur le fait qu’elle s’en sortirait là-dessus. D’ailleurs, plus ça venait, plus je la sentais à l’aise, plus détendue. J’avais donc demandé un arrêt, qu’elle m’avait donné sans difficulté, avant de recevoir de chaudes félicitations. Elle faisait tout ce que je pouvais espérer de mieux, et c’était à mes yeux la meilleure preuve pour moi que son débourrage était réussi, et touchait à sa fin.

J’avais fini par l’arrêter près de la barrière du rond de longe, attaquant un exercice de Trail. L’ouverture du portail, à cheval. J’avais pris les rênes dans ma main gauche, me penchant pour ouvrir le loquet et pousser la porte. J’avais claqué de la langue pour la faire avancer, puis je lui avais fait effectuer un pivot sur ses antérieurs, avant d’avancer de nouveau pour refermer le portail. Enfin, j’avais remis le loquet en place, et je l’avais chaudement félicitée. C’était un exercice qui demandait de la confiance en son propriétaire, mais elle avait montré qu’elle était prête à m’accorder cette confiance, ce qui me faisait chaud au cœur. Nous étions donc ensuite parties en direction de la carrière, où d’autres accessoires de trail nous attendaient, mais nous avions tout d’abord eu de nouveau affaire à l’exercice du portail.

A priori, le parcours qui l’attendait n’avait rien de compliqué. Mais je ne cherchais pas la performance aujourd’hui, juste finir son débourrage proprement, et aborder une discipline agréable et qui permettait de travailler efficacement, dans le calme. Nous nous étions donc mis sur le départ, et je l’avais laissée regarder ce qui l’attendait avant de donner un claquement de langue, la dirigeant par des rênes d’ouverture, plus simples pour son jeune âge. Ca commençait par une petite bâche en plastique bleu, que je lui avais permis de renifler à sa guise, suivie directement à gauche par un petit ponton de bois. Là aussi ça n’était pas forcément un obstacle pour les jeunes chevaux. Pour cette raison, je lui avais permis de prendre son temps à nouveau, et elle posa son antérieur gauche de manière d’abord hésitante, testant la solidité de la chose. Je l’avais donc encouragée d’un claquement de langue, et elle avait fini par se grandir, avant d’avancer, un peu plus sûre d’elle.

Par la suite, j’avais donné plusieurs claquements de langue consécutifs, la faisant passer au trot, juste avant d’avancer sur des barres au sol, au dessus desquelles elle passa avec entrain. Je ris doucement, tandis qu’elle trottinait joyeusement, et je me jurais de la faire travailler prochainement sur un petit parcours d’obstacle. Voilà qui devrait être intéressant.

Une fois les trois barres au sol passées, nous avions attaqué avec la barre à traverser transversalement. Pas besoin de vous dire qu’elle avait manqué de trébucher dessus, alors que c’était encore une fois seulement une barre au sol. Mais bon, je ne peux décemment pas lui en tenir rigueur. Ce n’est pas un exercice simple, bien loin de là. Ensuite, nous avions eu affaire à un petit déplacement de hanche, qu’elle avait effectué tranquillement, tête baissée, avant de reprendre un trot bien droit.

Suite à cela, j’avais effectué le bruit du kiss, lui demandant ainsi un départ au galop à droite, suivi directement d’un petit cercle sur lequel se trouvait quatre barres au sol. Là aussi elle fut enchantée, et sembla même éprouver moins de difficulté à les passer. Malgré cela, on voyait clairement qu’elle tombait dans ses virages. Elle avait beau montrer de l’intérêt pour les barres, elle serait toujours une jument de Western, et ça me plaisait bien. C’est ce qui la rendait unique dans son genre …

Nous avions ensuite continué sur la piste, jusqu’à ce que l’arrête dans un couloir de barre, en sliding stop, qu’elle sembla adorer vu son petit ronflement, avant de piétiner sur place. J’avais ensuite ordonné un back pour la faire reculer, et elle s’était directement exécutée, dans le feu de l’action je crois qu’on peut dire qu’elle était en train de prendre son pied. Purement et simplement. Et clairement, ça m’allait. C’était très précisément ce que je voulais pour elle. Du travail, qui se transforme en jeu. A son âge, c’était important.

Après avoir reculé, je l’avais emmenée en piste intérieure, toujours à main droite mais cette fois au trot, où encore une fois elle avait dû passer des barres au sol, en montrant le même entrain que précédemment.

Je lui avais ensuite demandé le galop à gauche, de la même manière que tout à l’heure, avant de lui faire passer le petit cercle sur lequel se présentaient à nouveau quatre barres au sol. Puis, nous avions pris la direction de la ligne d’arrivée, avant lequel un spin devait être effectué. Elle n’avait jamais eu affaire à cette demande, alors je comptais sur ses instincts, très clairement. Je l’avais donc arrêtée dans la zone souhaitée, et avais placée ma jambe extérieure, qui se préparait à la pression à venir. J’avais ensuite placée ma main droite en rêne d’appui, ma main gauche légèrement écartée de son encolure pour lui montrer clairement dans quelle direction nous allions tourner et là, la chose la plus ridicule du monde et pourtant, la plus prévisible vu son manque d’expérience. Le spin fut effectué. Ca, ce ne fut pas un souci. Cependant, elle marcha tellement lentement, qu’un cheval expérimenté aurait eu le temps d’en faire au moins cinq alors qu’elle finissait tout juste son premier. Bon …

Je l’avais ramenée au trot sur les deux dernières barres du parcours, manquant d’exploser de rire à tout moment, et quand elle souffla, l’encolure basse, je mis pied à terre directement, me mordillant la lèvre pour ne pas rire pour de vrai. Finalement, je l’avais prise dans mes bras, et avais caressé son épaule tendrement. « T’inquiète pas ma belle, un jour on réussira à faire de toi un cheval de Reining… » Je dis, amusée, avant de la faire sortir pour une petite balade en main avant de rentrer.